Enfermée

 

Coincée dans ma tête, je me replie sur moi-même et cherche à trouver une brèche pour respirer. Le sentiment d’asphyxie s’accentue plus les jours progressent. Il est facile d’aller visiter le soleil lorsque la porte n’est pas un obstacle. Cette prison, dans laquelle je vis depuis plusieurs semaines, est devenue réconfortante. L’extérieur est un enfer ou quiconque risque de s’y brûler.

Je tente d’ouvrir les rideaux pour laisser pénétrer un minime scintillement de lune. Cette percée me donnera peut-être envie d’enfiler la force d’attendre la lumière du jour. Le chant des oiseaux est devenu si lointain, que je crains de ne plus le reconnaître. Je suis devenue sourde à la magie musicale qui guérissait mon angoisse. Désormais, plus rien ne calme mon inconfort.

Ouvrir les yeux, observer ces fenêtres placardées d’arc-en-ciel me donne la nausée. Satanées demi-lunes arrogantes distributrices de bonheurs barbouillés. Cette rencontre entre l’orage et le soleil ne dessine plus ces teintes pastel, seule la grisaille des matins lourds y est décrite. Je suis devenue aveugle. Plus aucune beauté ne suscite l’excitation de mon regard javellisé.

Perdue, je décide de me relever. Les jambes ankylosées par cette sédentarité prolongée alourdie chaque pas. Mon corps peine à tenir debout, le sol vibre sous mes pieds. Je ressens tous ces gouffres creusés pour loger ces âmes mortes esseulée. Dans la noirceur des absences accumulées, mon cœur se brise. Tant de mains vides, tant de regards éteints sans chaleur vers leur dernier aurevoir.

L’invincible moi comprend que le privilège de respirer est plus fort que tout. Alors je gonfle ma poitrine de cet air terni par la maladie et retourne devant mes écrans noirs. Ceux qui me tiennent éveillés comme la torture ravive l’envie de mourir. Coincée entre quatre murs, étourdie par le bruit incessant des machines amicales, égarée parmi les souffrances de l’humanité, je suis le chemin vicieux qui donne à la fois espoir de vivre mais aussi peur de cette fin agonisante.

Allongée, les paupières closes, je rêve de m’extérioriser. Voir le monde comme il était : brillant de ses beautés sans égale. Reconnaitre en l’univers ses gentillesses douces qui calment mes esprits affolés. Rapidement, étendue là, seule, je fantasme d’amour brûlant caressant ma solitude ardente.

Permettez-moi d’espérer une fin à cet enfermement. Oublier, le temps d’une étreinte, ceux qui nous quittent tous les jours. Vendre mon âme au diable pour un rendez-vous rapproché. Embrasez ce feu le temps d’un sourire pour que je puisse retourner dans ma caverne y dormir encore trop longtemps.


Maude Racicot

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