LA PARADE DE FEMME
Je calcule le temps.
Je compte les jours, les nuits, les semaines, les mois qu’il
me faudra pour devenir qui je suis. La dictature du membre me demande de
presser le pas. Jeune et fringante, mon vagin n’est qu’une autre entrée où tous
veulent y semer leurs empreintes de gouvernance.
Je cours, j’accélère la prise de décision entre le désir d’être,
d’exister et figer. Les mères me diront déglinguée, les hommes, eux, aguicheuse
et je resterai muette. Dans le silence des guides erronés qui cadrent ma vie,
qui pourrissent tous mes schèmes de pensée, je tente l’émancipation.
Soyez émancipées! Soyez fortes!
Vous que l’on bâillonne au premier moment de lucidité.
Soyez pures! Soyez fidèles!
Ainsi la machine phallique vous reconnaîtra comme de
potables objets à posséder.
N’oubliez pas votre rouge à lèvres jeunes filles défraichies,
à la jupe trop courte qu’on vous glisse une main froide remplie de poison,
remplie de shame. C’est l’algo-rythme de ma vie, dicté par tous ceux qui
n’enfanteront jamais, qui ne porteront jamais le fardeau de procréer la suite
du processus de pénétration dominatrice.
Restez sur vos gardes petites brebis égarées qui ne
souhaitent que suivre la parade, le méchant loup n’est plus dans la forêt mais
entre tes mains enduites de mensonges cachés derrière tes écrans tordus.
Continuons de croire que la force est dans l’insurrection lorsque l’inertie
reste encore le seul acte porté pour aider.
La vitesse de décision à laquelle je dois faire face est
suffocante et légère à la fois car peu importe la somme de mes actes, je
deviendrai ces quelques-unes déjà inventées.
Maude Racicot
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