CORPS
Cette minceur obsédante gave mon imagination de beautés inaccessibles. Ces débordements de gras infantiles me hantent jusqu’à mon pupitre, où ces petites voix me rappellent quotidiennement ma laideur.
Disparaissez fesses protubérantes!
Effacez-vous seins voyants!
Détruisez ces boulets qui freinent
mes chevilles vers la légèreté de l’enfance!
Je suis un monstre, un être hideux qui ne cherche qu’à vivre dans toute son atrocité. La connaissance de mon horreur m’habite tous les jours, la haine empoisonne tous mes rêves.
Je regarde se vider mon intérieur dans ce trou qui avale toutes mes tourmentes. Je dégueule mon désir de minceur, je creuse mon âme jusqu’à y voir le fond. J’ai faim, mais encore plus d’appétit pour ce corps que j’arriverai à créer.
J’ai le contrôle
Je suis maître de mon corps, mais l’Autre contrôle ma tête. Le moment est venu où le désert devient trop grand. Nul est le besoin de vivre, la fin sera l’étincelle dans ce brouillard. Ce pupitre sera dorénavant absent d’insultes. Le miroir reflètera la transparence de mes douleurs accumulées.
Maude Racicot
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