Voltige




Mon cœur bat trop vite pour mon inertie. Assise sur le rebord de la galerie, j'observe les nuages s’agiter rapidement et, le vent, refroidir ces feuilles qui frétillent de douleur, par crainte d’être volées à leur tronc familier. Ma tête cherche un point d’ancrage qui taira cet étourdissement de nervosité. Une gorgée d’eau plus tard, une clope par la suite et toujours aucun relâchement. Mes yeux ne savent plus quoi regarder sinon le pavé du dessous qui ne cesse de me héler. Comment terminer cette panique, comment rompre le bruit incessant de mon esprit?

Je mets un pied dans le vide, une sensation de liberté se déploie en moi. La bourrasque, si effrayante pour ces branches desséchées, embrasse mes orteils qui se ravissent de sa douce caresse. Un sentiment d'évasion se fait ressentir dans mon corps prisonnier du stress quotidien, lorsque je trépasse la barrière de sureté du balcon. Je me penche vers l’avant, retenue par mes bras qui, encore crispés, me retiennent dans ce monde insoutenable. L'idée de planer s’empare de moi. Ce désir de devenir voltige éclot en mon être, mes ailes se déploient. Toutefois, une parcelle de ma raison me cloue à ce sol.

Une dernière inspiration, mes mains se relâchent, mes chevilles s’échappent des barreaux qui les tenaient, ma poitrine s’emplit d’air, mon regard se perd, mes cheveux s’entremêlent, je suis une parachutiste sans parachute. La descente est courte.

Je fixe ce liquide qui coule et glisse le long de mon visage. Une mare de sang s'étend. Physiquement, je souffre, tous mes os me semblent fracassés, je ne peux ni parler, ni entendre. Je vois les gens qui accourent pour me porter secours. Et pourtant, ma libération est enclenchée mes sens me quittent, je ne suis qu’une pensée, qu’un souffle profond. Mon sauvetage s’effectue sans bouée, sinon celui de la mort de cette angoisse ravageuse.

Maude Racicot

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